L'église Saint-Nicolas à Dabar existait déjà à l'époque des premiers Nemanjić; c'est auprès d'elle qu' à partir de 1219 fut installée la résidence des évêques de Dabar. Au début du XIVe siècle, l'église fut endommagée lors d'une invasion des Bosniaques. Le roi Stefan Dečanski, avec l'aide de l'évêque de Dabar, Nikola, fit reconstruire l'église, vers 1329. La peinture du temps de Stefan Dečanski fut restaurée au XVIe siècle, vers 1571.
Les reliefs de la victoire de Constantin, sur son arc de triomphe à Rome - la victoire de Constantin le Grand sur le pont de Milvius.
Dans le narthex de l'église Saint-Nicolas, il y a deux fresques assez endommagées qui représentent les événements de la légende, la victoire de Constantin le Grand sur le pont de Milvius. La première fresque représente l'apparition de la Croix et l'autre, la bataille entre Constantin et Maxence. Dans la littérature chrétienne du IVe siècle, on compare Constantin le Grand à Moïse. La mort de Maxence dans les ondes du Tibre rappelait aux chrétiens de cette époque-là le sort du pharaon qui se noya dans la Mer Rouge. L'idée d'un nouveau Moïse passa bientôt dans la sculpture de l'époque de Constantin. Les reliefs de la victoire de Constantin, sur son arc de triomphe à Rome, ressemblent beaucoup à ceux qui représentent le passage de la Mer Rouge. La scène de l'Ancien Testament qui représente la défaite du pharaon fut interprétée au IVe siècle comme une image allégorique de la mort de Maxence.
Plus tard, dans l'histoire de Byzance, quelques empereurs, Héraclius et Michel VIII Paléologue, portèrent comme titre d'honneur l'épithète de „nouveau Constantin". Ce titre flatteur passa de Byzance dans la Serbie médiévale.
La victoire de Constantin le Grand sur le pont de Milvius, l'église Saint-Nicolas à Dabar, vers 1330, restaurée au XVIe siècle, vers 1571.
Le premier disciple de Danilo, fameux biographe serbe, dit dans „la Vie du roi Stefan Dečanski" que celui-ci fut pour les Serbes un nouveau Moïse et un nouveau Constantin. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de trouver dans l'église St-Nicolas, restaurée par Stefan Dečanski, la fresque de la bataille au pont de Milvius. La victoire de Velbužd en 1330, a dû avoir la plus grande influence sur les peintres pour qu'ils aient peint, dans l'église de St- Nicolas, la victoire de Constantin comme une allusion à la bataille où le roi bulgare Mihail perdit la vie. Stefan Dečanski fit réparer l'église St-Nicolas vers 1329. La peinture décorant le porche dut être terminée un peu plus tard (entre 1330-1331). A la même époque fut exécutée sans doute aussi la fresque qui représentait allégoriquement la victoire du nouveau Constantin serbe.
L’empereur Dušan donne la mort au roi bulgare Mihail (la victoire de Velbužd), détail de l’icône “La Vie du roi Stefan Dečanski” (XVI s.) peinte par Longin, monastère de Dečani.
Il y a également d'autres exemples qui montrent que quelques scènes des légendes relatives aux saints, étaient employées pour la glorification des guerres du XIVe siècle.
Dečani, la défaite de l'armée bulgaro-koumane devant Salonique en 1207.
C'est ainsi que dans le monastère Dečani, la défaite de l'armée bulgaro-koumane devant Salonique, en 1207, fut peinte dans deux fresques. Probablement ces deux fresques furent composées sous l'influence de la guerre de 1330.
L'iconographie du XVIe siècle ne se contentait pas des seules allusions relatives aux anciennes biographies des saints. En glorifiant, sur une icône, les oeuvres de Stefan Dečanski et de son fils Dušan, le moine Longin a peint directement la victoire de Velbužd. Dans cette composition intéressante on remarque surtout un détail (qui est d'ailleurs inexact du point de vue historique): c'est l'épisode où le jeune Dušan tue l'empereur Mihail. La représentation de Dušan y est identique à celle de saint Démétrius. La comparaison figurant sur cette icône cadrait parfaitement avec l'esprit de l'ancienne littérature serbe, dans laquelle Nemanja et Milutin portaient le titre de nouveau Démétrius. Ce sujet, très ancien, qui, dans l'iconographie de l'empire romain, représentait l'empereur tuant son adversaire vaincu, passa de bonne heure dans l'art religieux médiéval. Pendant tout le moyen âge, cet épisode iconographique servit à représenter les victoires des saints guerriers. Mais au XVIe siècle, comme notre exemple le montre, on interpréta à nouveau ce tableau avec sa première signification laïque, présente jadis dans l'art qui florissait à la cour des empereurs d'Orient et plus tard à celle des empereurs romains.
Les fresques de l'église St-Nicolas, celles de St-Démétrius à Peć et à Dečani prouvent que les ouvrages historiques ont incontestablement influencé la peinture de l'ancien art religieux serbe. Dans les biographies, la branche la plus originale de la littérature médiévale serbe, les souverains et les hauts personnages de l'église sont comparés aux saints; on trouve une similitude entre leurs vertus et leurs oeuvres. La fresque de la victoire de Constantin à Dabar montre la manière dont ces flatteuses comparaisons livresques entraient dans la peinture religieuse
Svetozar Radojčić
In: Glasnik Skopskog naučnog društva 19 (1938) 87-102.
ФРЕСКА КОНСТАНТИНОВЕ ПОБЕДЕ У ЦРКВИ СВ. НИКОЛЕ ДАБАРСКОГ